Ces mots humides de pluie Qui meurent aussitôt dits Ces corps tendus immobiles Après les éclairs faciles
Leïla, elle les connaît trop Faux nez et faux numéros Même parterre même morts Et quand même les plus forts
Leurs phrases pleines de détours Qui craignent la lumière du jour Ils cachent tous quelque chose Ils chassent tous quelque chose
Leïla, si tu savais…
Y’a ceux qui pleurent de joie En ajoutant une croix Ceux qui l’aiment à tout jamais Et qui ont un avion juste après
Ceux qui ont des barques sur la Seine “Trop loin pour que je t’y emmène” Ceux qui ont de l’or plein les châteaux Ceux qui ont des ports plein de bateaux
Ils parlent tellement fort Ils sont tellement nombreux Qu’un soir de fatigue elle s’endort Contre la peau de l’un d’eux
Pour peu qu’il soit d’une autre sorte Un peu moins menteur que les autres Elle aura le gris du matin Et les fleurs du papier peint
Leïla, si tu savais…
Leïla n’y peut pas grand chose Si elle a la fraîcheur des roses Elle est la cible de vos flèches Mais c’est pas vous qu’elle cherche
Elle rêve d’un fragile, d’un fou Qui l’embrasse au quinzième rendez-vous Qui tremble en lui prenant la main Et surtout qui ne dise rien